"Mais la mémoire humaine ressemble à la nuit d'un fêtard qui a bu quelques coups de trop : elle a beau s'appliquer, elle ne parvient pas à marcher droit."
"Se reniant à chaque pas, changeant d'humeur à chaque quartier, tendre et cynique d'un même élan, Istanbul donnait généreusement tout et dans le même soufle exigeait qu'on lui rende son cadeau. Une cité si vaste qu'elle s'étendait à droite comme à gauche, et vers le firmament, aspirant à s'élever, désirant toujours plus, jamais satisfaite. Mais toujours ensorcelante. Bien qu'étranger à ses façons, le garçon sentit à quel point on pouvait tomber sous son charme."
"Ce que je vois depuis quatre ans n'est qu'une parodie honteuse de la République, une comédie jouée par des sots et des lâches, avec cette cruauté qui leur vient quand ils sont dans le parti le plus fort. Ce que je vois, c'est le triomphe de l'horreur et du crime, la victoire de la délation et de la tyrannie! Ô mon pays, dans quelles mains sanguinaires es-tu tombé?"
"Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrai! Tu dis que je t'ai tuée, hante-moi, alors! Les victimes hantent leurs meurtriers, je crois. Je sais que des fantômes ont erré sur la terre. Sois toujours avec moi ... prends n'importe quelle forme ... rends-moi fou! mais ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver."
"Apprendre, c'est avant tout connaître et savoir. C'est ensuite reconnaître pour respecter. C'est enfin accepter : non pas l'autre, mais le fait que nous ne sommes pas seuls et que nous ne constituons pas la référence culturelle universelle. Ce cheminement, cette initiation à l'autre exige le même volontarisme de sa part ; c'est ce qui rend le dialogue si difficile."
"C'est un labeur exigeant, incessant, celui qui consiste à tenter de faire mourir la haine en soi, de tuer le besoin de vengeance. Cela demande de la sagesse. Et ce n'est pas une vertu qu'il possède naturellement."
"La beauté c'est la terreur."
Editions Pocket. 790 pages.
"[Dieu] a voulu que ma mémoire soit incomparable afin de la mettre au service de Sa volonté et de Son Envoyé. En temps de paix comme en temps de guerre, Muhammad, mon époux très aimé, y a puisé les mots et les enseignements qu'il y avait déposé comme dans un coffre précieux. Plus tard, au cours des longues années de trouble et de violence, combien de fois ai-je dû défendre sa parole et sa vérité sacrée par la seule force de mes souvenirs?"