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Titre du blog : Les lectures de Mina Strogoff
Auteur : mina-strogoff
Date de création : 05-06-2020
 
posté le 13-01-2021 à 09:09:23

Le Dernier Bain - Gwenaële Robert

"Ce que je vois depuis quatre ans n'est qu'une parodie honteuse de la République, une comédie jouée par des sots et des lâches, avec cette cruauté qui leur vient quand ils sont dans le parti le plus fort. Ce que je vois, c'est le triomphe de l'horreur et du crime, la victoire de la délation et de la tyrannie! Ô mon pays, dans quelles mains sanguinaires es-tu tombé?"

 

 

 

Editions Robert Laffont. 220 pages.

1ère parution : 2018

 

Ce court roman nous plonge dans le Paris de l'an II du calendrier révolutionnaire, à l'époque de la Terreur. Le député Jean-Paul Marat est cloîtré chez lui à cause d'une maladie de peau qui l'oblige à prendre des bains de souffre. Cependant, son ombre plane sur la capitale, son nom est sur toutes les lèvres. Surnommé l'Ami du Peuple, il est aussi connu pour réclamer toujours plus d'exécutions sommaires, ce qui ne lui vaut pas que des amis. Dans ce récit choral, nous suivons plusieurs personnages tous liés à Marat, et dont plusieurs ont de bonnes raisons de lui en vouloir ou du moins d'en avoir peur. Théodose, un ancien moine devenu écrivain public et qui fait parvenir les listes d'accusés au député. Jane, rongé par le désir de vengeance. Marthe, qui souhaite que Marat reconnaisse le fils qu'il a eu avec sa fille. Et bien sûr Charlotte, une jeune Normande tout juste arrivée à Paris.

 

J'ai terminé l'année 2020 en beauté avec ce roman qui a été un coup de coeur. J'ai adoré suivre cette galerie de personnages sur les trois jours qui ont précédé l'assassinat de Marat, puis durant le procès de Charlotte Corday. L'ambiance de Paris est magnifiquement rendue :  la peur qui rampe et s'infiltre partout, les délations, la misère, la lassitude des personnages à qui on promet la liberté alors que le peuple de Paris ne mange pas à sa faim... Le texte est court mais très vivant, d'une efficacité implacable pour restituer l'atmosphère de Paris sous le souffle de la Terreur.

 

J'ai notamment trouvé passionnant le passage où le peintre David, ami de Marat, décide de peindre son tableau qui sert de couverture à cette édition. Il est intéressant de comparer l'image que le peintre à voulu laisser à la postérité ; et ce que l'on sait réellement de l'aspect de Marat qui, rappelons-le, souffrait d'une maladie de peau. Le personnage de Charlotte Corday est également très conscient de vivre un moment historique et se soucie de l'image qu'elle laissera à la postérité puisqu'elle demande à ce que l'on fasse son portrait avant qu'elle soit éxécutée.

 

Un texte court mais très intense qui m'a donné envie d'en savoir davantage sur Marat, mais aussi de creuser davantage la Révolution et la Terreur, qui sont mes périodes historiques de prédilections. Mon seul regret sur ce récit est qu'il n'ait pas duré plus longtemps. Il m'a été difficile de quitter le Paris de 1793 en refermant le livre.