"Un jour, elle finirait par sombrer. Plus que jamais, elle sentait qu'elle était sur le point de s'annihiler. Elle avait toujours trouvé très douloureux de réabsorber les souvenirs, de sentir son propre esprit s'abolir pour recevoir tous ceux qui avaient vécu autrefois. Mais elle avait toujours réussi à conserver une infime part d'elle-même. Cette fois, elle craignait qu'il ne reste plus rien d'elle."
"Un voile couleur de cendres s'était abattu sur la ville. Venise était un spectre gris surgi des eaux. Les madones de Giovanni aux doux regards avaient cessé de s'agiter dans l'esprit de Kâmil, elles s'étaient muées en un cri, un hurlement infini, et se lamentaient en un vibrato d'un air baroque."
"Pardon Allah, de Te parler aussi crûment mais comme Tu entends tout ce qu'on pense au plus profond de nous, ce n'est pas un ou deux mots déplacés qui vont T'offusquer, n'est ce pas? Je fais des choses horribles mais je ne cesse de me confier à Toi. Toi le Pur. Mais c'est logique, il n'y a qu'un Pur qui puisse guider une impure comme moi. Je Te parle comme ça vient mais je Te respecte, Tu le sais.
"Je sais ce que mon époux veut, ce que veulent tous les hommes. Une femme, célibataire ou mariée, se doit, pour être aimée et respectée, d'être innocente, pure d'esprit, de corps et d'âme. Je l'ai été, jusqu'à ce qu'il entre dans mon existence. Je l'ai craint. Je l'ai méprisé. Pourtant, je n'ai pu m'empêcher de l'aimer, quand bien même j'étais consciente de sa véritable nature et de ses intentions."
"-Ne prononcez pas des paroles que vous pourriez regretter.