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Mes nuits ne sont pas les vôtres - Dominique Marny

"-Ne prononcez pas des paroles que vous pourriez regretter.

-Je déteste les menaces! Mais, s'étonna-t-elle, comment avez-vous obtenu mon numéro?

-Il a appelé deux personnes. Vous étiez la seconde. Votre numéro était enregistré dans mon appareil.

Les larmes aux yeux, Annabelle répliqua:

-Qu'est ce que je peux faire?

-Venir me voir. [...] Vous trouverez à la gare Montparnasse un billet pour Saint-Pierre-des-Corps au nom de Belle."

Editions Presses de la cité. 312 pages.

Une jeune institutrice prénommée Anabelle, reçoit le coup de fil d'un inconnu prétendant que son père lui a volé des objets de valeur. Pour éviter un dépôt de plainte et une confrontation gênante avec son père, elle n'a pas d'autre choix que d'accepter les rendez-vous que lui fixe chaque semaine Jean Ardant, un homme défiguré par un accident et qu'elle peine à cerner. 

Comme son grand oncle Cocteau, Dominique Marny se penche sur l'histoire de La Belle et la Bête. Le but ici est  d'adapter la trame principale à notre époque et notre réalité, et donc de donner un récit qui serait du domaine du possible.

La Belle et la Bête fait partie de mes contes favoris, j'étais donc très curieuse de voir ce que donnerait cette réécriture. J'ai terminé la lecture car j'avais envie de voir comment les événements du conte seraient adaptés, je lui ai donc trouvé un minimum d'intérêt. Néanmoins, j'ai été plutôt déçue. L'écriture de l'auteur m'a paru quelque peu plate et les personnages peu développés. Jean Ardant qui remplace la Bête sauve les meubles en entretenant un certain mystère; mais j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à l'héroïne que j'ai trouvée creuse et sans réelle personnalité. Cette dernière faisant régulièrement la navette entre son appartement et la demeure de Jean Ardant, les passages sur le quotidien d'Anabelle sont à mon sens sans grand intérêt.

Attachant de l'importance à la psychologie des personnages, j'ai été surprise du traitement des deux demi-soeurs de Anabelle, qui sont à la limite de la caricature tant elles sont stupides. A mon sens, ce type de personnage peut correspondre à un monde imaginaire où tout est exagéré; mais pose problème dans un récit se voulant un minimum réaliste. Sans les rendre obligatoirement sympathiques, je pense que leur donner un peu plus de profondeur aurait été un vrai plus, au lieu de consacrer du temps à d'autres personnages n'apportant rien à l'intrigue.

En résumé, j'ai été séduite par l'idée d'écrire une version contemporaine de La Belle et la Bête, mais j'ai eu le sentiment avec celle-ci que l'on restait à la surface des choses. Dommage.