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Titre du blog : Les lectures de Mina Strogoff
Auteur : mina-strogoff
Date de création : 05-06-2020
 
posté le 18-06-2020 à 23:31:37

Ce qu'il advint du sauvage blanc - François Garde

"Le visage est ovale, le nez aquilin, la bouche moyenne, le menton fort. Les rides qui le marquent disent les épreuves traversées. Le corps est musclé, sans une once de graisse.

Quoique prévenus, nous fûmes tous surpris à ce spectacle : un Blanc, vêtu d'un pagne, entièrement couvert de tatouages, muet, immobile, et qui nous regardait."

 

 

 

Editions Gallimard. 381 pages.

 

Au début du XIXè siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage en Australie. Il est retrouvé dix-huit ans plus tard par un navire anglais; il a adopté les moeurs de la tribu qui l'a recueilli, perdu l'usage de la langue française et oublié son nom. Désormais surnommé le "sauvage blanc", il est ramené à Sydney et confié à un compatriote français, Octave de Vallombrun. Ce dernier se donne pour mission de le rendre à sa famille, de le réintégrer dans la société et espère aussi en apprendre davantage sur la tribu qui lui a permis de survivre pendant toutes ces années. Seulement, Narcisse se montre peu désireux de parler et malgré des progrès rapides pour retrouver l'usage de sa langue maternelle, sa réinsertion se révèle bien plus compliquée que ce qu'imaginait Mr de Vallombrun.

 

 

Le roman est partagé en deux temporalités. L'objet de la première est l'abandon de Narcisse sur la plage australienne, puis son intégration progressive dans la tribu. La seconde est située dix-huit ans plus tard, à partir du moment où il est retrouvé par hasard. A travers les lettres de Mr de Vallombrun, le lecteur suit le retour de Narcisse dans la société européenne. Chaque chapitre est divisé entre un épisode relatant les interactions entre le jeune homme et la tribu; et une lettre de Mr de Vallombrun, se situant presque deux décennies plus tard. Le lecteur oscille tout au long du récit entre ces deux lignes temporelles.

 

François Garde a su rendre très vivants  les deux principaux protagonistes, mais aussi donner corps aux membres de la tribu qui ont adopté Narcisse pendant dix huit ans. Le désarroi du jeune homme lorsqu'il se rend compte que son navire l'a abandonné, son espoir de le voir revenir puis ses désillusions sont très palpables et très bien décrites à mon sens.

 Les lettres de Mr de Vallombrun brossent de leur côté le portrait d'un Narcisse plus vieux mais très naïf, de nature douce mais taciturne; et duquel son nouvel ami peine à tirer des informations. Les questionnement d'Octave de Vallombrun qui se font de plus en plus présents tout au long de l'histoire, le rendent très humain et attachant. Lui qui pensait sincèrement bien faire en ramenant Narcisse à sa famille s'aperçoit que cette dernière est plus attachée au souvenir du jeune fils disparu qu'à cet homme plus âgé devenu un étranger. Se pose alors la question de l'avenir de Narcisse, qui se borne à reproduire des codes sociaux sans les comprendre et peine à retrouver sa place. Le ramener en France était-il vraiment la meilleure solution?

 

Malgré quelques longueurs vers la fin, Ce qu'il advint du sauvage blanc est un gros coup de coeur. Le point fort de ce roman est la relation entre Narcisse Pelletier et Octave de Vallombrun, passionnante à suivre et qui nous pousse à nous interroger sur le fossé qui existe parfois entre notre volonté de bien faire et les conséquences réelles de nos actions.

 

 

Commentaires

Marioromans le 19-06-2020 à 04:36:03
Je ne sais pas pour le roman, mais historiquement, ceci arrivait souvent en Nouvelle-France (futur Québec).